La nouvelle taxe française sur les voyages en jet privé représente une augmentation sans précédent de 300 % des redevances des passagers, ciblant spécifiquement les voyages aériens de luxe à partir du 1er mars 2025. Selon les estimations du gouvernement, les passagers devront s’acquitter de frais allant de 210 € à 2 100 € (environ 2 200 $) par personne, en fonction de la distance de leur vol.

La taxe française sur les jets privés : La plus élevée d'Europe
Taux de taxe et catégories de destination
La taxe ne s’applique qu’aux vols au départ de la France (pas à l’arrivée). La taxe est basée sur la distance entre Paris CDG et l’aéroport principal de la capitale du pays de destination, ce qui signifie que la même taxe s’applique à l’ensemble du pays de destination, quel que soit l’aéroport de départ en France. Catégories de distance :
Avion d’affaires avec moteur à réaction :
- 420 € – Vols vers des destinations européennes et d’autres pays dans un rayon de 1 000 km.
- 1 015 € – Vols vers des destinations intermédiaires (entre 1 000 km et 5 500 km).
- 2 100 € – Vols vers des destinations long-courriers (plus de 5 500 km).
Avion d’affaires à turbopropulseur :
- 210 € – Vols vers des destinations européennes et d’autres pays dans un rayon de 1 000 km.
- 675 € – Vols vers des destinations intermédiaires (entre 1 000 km et 5 500 km).
- 1 025 € – Vols vers des destinations long-courriers (plus de 5 500 km).
En ce qui concerne l’éligibilité des aéronefs, la taxe ne s’applique qu’aux aéronefs comptant jusqu’à 19 sièges (sur la base du MOPSC). En outre, les vols privés seront exonérés, mais les critères exacts permettant de prouver qu’un vol est privé (au-delà du plan de vol dans l’IG) sont encore en suspens. Les escales techniques/de ravitaillement en carburant ne seront pas taxées si elles sont effectuées à des fins techniques ou de ravitaillement en carburant.

L’Association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA) a souligné l’impact injuste de la nouvelle taxe sur les vols court-courriers. Par exemple, six voyageurs à bord d’un Cessna Citation CJ2 volant en France pourraient devoir payer 7 500 euros de taxes sur un vol affrété de 12 000 euros, alors que deux passagers voyageant de Paris à Tokyo paieraient 2 100 euros chacun, malgré le coût plus élevé du vol long-courrier.
L’application de la taxe française sera stricte, et les opérateurs qui ne collectent pas le montant correct pourraient se voir infliger des amendes importantes et des évaluations rétroactives sur une période pouvant aller jusqu’à trois ans, ce qui se traduirait par des paiements de millions d’euros.
Le secteur français de l’aviation d’affaires, qui représente 101 500 emplois et 32,1 milliards d’euros, sert principalement des objectifs essentiels, 90 % des vols étant utilisés pour le transport d’affaires ou d’organes. Le gouvernement espère tirer jusqu’à 900 millions d’euros de cette taxe, mais ses détracteurs, comme le professeur d’économie Emmanuel Combe, estiment qu’elle est mal conçue, d’autant plus qu’aucune recette n’a été affectée à la décarbonisation.
Taxe française : L'industrie de l'aviation privée met en garde contre les retombées économiques
Les dirigeants du secteur s’inquiètent vivement de l’impact économique de la taxe française, l’Association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA) prévoyant une perte potentielle de 120 milliards d’euros d’investissements étrangers et de 104 000 emplois dans l’Union européenne d’ici à 2030. Ces estimations sont basées sur une étude d’Oxford Economics évaluant les retombées potentielles de la législation contre les jets privés.
Charles Aguettant, président de l’EBAA France, souligne que cette taxe représente une augmentation massive de 300 % des redevances des passagers. L’association souligne que seuls 10 % des départs de jets privés en France sont effectués à des fins de loisirs, la grande majorité d’entre eux soutenant des activités essentielles telles que la croissance économique et les missions médicales. La taxe est considérée comme préjudiciable à des activités essentielles dans de nombreux secteurs.
Les répercussions devraient aller au-delà des services d’aviation. La taxe française menace l’ensemble de l’écosystème de soutien aux avions d’affaires, en affectant les services de carburant, les opérateurs de base fixe (FBO) et les fournisseurs. Cette perturbation pourrait entraîner d’importantes pertes d’emplois dans le secteur de l’aviation en France, qui emploie actuellement des milliers de personnes.
L’industrie du tourisme est également menacée, car les utilisateurs de jets privés représentent jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires des stations balnéaires de luxe. À l’instar de la taxe italienne de 2012 sur la navigation de plaisance, cette nouvelle taxe pourrait entraîner des pertes importantes. En outre, l’IATA s’inquiète de la lenteur de la reprise de l’aviation française après la pandémie et s’interroge sur la stratégie du gouvernement, notamment en ce qui concerne son objectif d’attirer 100 millions de touristes et de passer à des carburants aéronautiques durables. L’EBAA demande des éclaircissements, estimant que rien ne justifie la disparité de traitement fiscal entre l’aviation commerciale et l’aviation d’affaires.

Les opérateurs trouvent des solutions créatives pour s'adapter à la nouvelle taxe
Les opérateurs de jet privé en France se préparent à des changements importants à l’approche de la date butoir du 1er mars 2025. Nombre d’entre eux actualisent leurs tarifs pour tenir compte des nouvelles taxes, et certains envisagent des itinéraires alternatifs passant par les pays voisins.
GlobeAir, l’un des principaux opérateurs de charters, explique que pour les destinations européennes, la taxe s’élève à 420 euros par passager, hors TVA, tandis que les vols intérieurs en France sont soumis à une TVA supplémentaire de 10 %, ce qui porte le total à 462 euros.
Pour relever ces défis, les opérateurs se concentrent sur la planification stratégique des itinéraires et sur l’efficacité. Les équipes d’assistance aux voyageurs travaillent en étroite collaboration pour garantir l’application correcte de la taxe et étudier les possibilités d’ajustement des itinéraires en vue de réduire les coûts.



Un aspect essentiel du calcul de la taxe est l’utilisation de la distance de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle (LFPG), plutôt que des distances de vol réelles. Cette approche standardisée simplifie les calculs, mais ajoute de la complexité pour les opérateurs. Les vols fractionnés, les vols de fret et les hélicoptères pourraient être exemptés, mais les opérateurs attendent une confirmation officielle des autorités.
Les opérateurs doivent faire leur propre déclaration et payer la taxe avant la fin du mois. Certains handlers et FBO proposent des services de gestion des taxes pour les aider à se mettre en conformité. Avec le renforcement de l’application de la loi, les opérateurs qui ne respectent pas les règles pourraient faire l’objet d’évaluations rétrospectives. Les territoires français d’outre-mer conservent leur taux d’imposition de 2021, et certains opérateurs envisagent d’y réacheminer des vols pour réduire les coûts.
Le gouvernement s’attend à ce que ces nouvelles taxes rapportent entre 800 et 850 millions d’euros, mais l’impact financier réel sur le secteur et les recettes publiques reste incertain, car les opérateurs s’adaptent.
Conclusion
La taxe française marque un tournant majeur dans la politique européenne de l’aviation, avec une augmentation de 300 %, allant de 210 euros à 2 100 euros par passager. Cette taxe a un impact significatif sur les opérations critiques, car 90 % des vols privés sont effectués à des fins professionnelles et médicales, et non pour les loisirs.
Les enjeux économiques sont importants. Alors que le gouvernement français espère 1 milliard d’euros de recettes supplémentaires, les experts mettent en garde contre des pertes potentielles pouvant atteindre 120 milliards d’euros en investissements étrangers. En conséquence, les opérateurs explorent des solutions créatives, y compris la planification stratégique des itinéraires et des exemptions potentielles pour des catégories de vols spécifiques.
Les effets à long terme de cette taxe sur le secteur de l’aviation en France, qui soutient 101 500 emplois et génère 32,1 milliards d’euros, restent incertains. Le succès de cette politique dépend de la manière dont les opérateurs s’adaptent et de la question de savoir si les avantages l’emportent sur les risques. À l’approche de mars 2025, le gouvernement et l’industrie doivent suivre de près ces changements pour s’assurer que la France reste un centre névralgique de l’aviation européenne.